Les DEA au pays du blizzardC'est dans le plus grand secret pour faire une surprise à Alain et Bruno que nous avons préparé l'opération Lardy. Rien ne devait filtrer, mais évidemment, j'ai quand même réussi à mettre la puce à l'oreille de Bruno, tellement je suis douée pour l'espionnage ... mais bon, voici toute l'histoire ...
30 décembre, il neige, il gèle et devinez qui a décidé d'encore aller se fourrer dans des embrouilles pas possibles pour aller écouter nos deux compères Alain et Bruno ? MOAAAAAAAAAAAAAA !
Mais accompagnée de Anne, quand même, car comme le dit le vieil adage : plus on est de fous, plus on rit !
Surtout que cette fois-ci, y'a pas que nous qui soyons folles, y'a encore Alain et Bruno, car ils ne chantent pas à Paris près de Notre Dame, mais à Lardy, bled perdu dans l'Essonne, au moins à 50 km de Paris, endroit atteignable en RER, heureusement !
Mais d'abord, avant d'aller à Lardy, je dois déposer mes bagages quelquepart et donc à la descente du train, Anne m'attend pour qu'on aille dans sa ville, Villeneuve St George, riante bourgade pas loin d'Orly et de Créteil dans le Val de Marne.
Nous voici sortant du RER (déjà je vous dis pas la saga de l'achat du billet pour le RER !), la neige tombe et nous nous dirigeons vers l'arrêt du bus avec ma valise à roulettes qui couine sur chaque pavé. Quand le bus arrive enfin alors que nous sommes déjà bleues de froid, c'est la ruée sur l'entrée ! Une bande de fauves se précipite, le type derrière moi armé d'un rouleau de tapis gris tente de m'assommer tandis que sa femme hurle et vocifère et se précipite sur une place libre.
Je suis littéralement emportée par la foule (qui s'élance et qui danse) et ma valise fait l'objet de menaces cuisantes! Ah, que c'est gai de prendre le bus à Villeneuve St George.
Je fais tout le voyage écrabouillée comme une sardine dans sa boîte, n'osant bouger de peur que le type qui m'écrase ne me tue pour de bon. Arrivées à bon port, il faut encore entreprendre un long voyage sur des trottoirs glissants qui n'ont jamais vu de sel de leur vie ! Et je ne parle pas des flaques traîtres!
Nous voici donc arrivées à l'Hôtel le Rêve et au premier coup d'oeil mon hôtel a l'air mort et fermé. Je tente néanmoins d'entrer et un berger allemand vient m'accueuillir en m'aboyant en une langue qui veut dire : "halte là, tu n'entres pas" ! Il est bientôt suivi d'un Martien qui me passe à la question pour savoir ce que je viens faire là. Je lui explique que je lui ai réservé une chambre dans son hôtel (tout ça sous la neige !) mais il semble ne pas vraiment saisir de quoi il retourne.
Mais bon, j'insiste et il finit par accepter de me donner une chambre. Anne et moi manquons de nous casser la figure car sa cour est pleine de verglas et le molosse veille avec l'envie de nous mordre les fesses. Peu après je retourne chez le brave homme qui me faut payer d'avance, m'escroque de 5 euros et m'explique qu'il a vendu l'hôtel, qu'il fait l'inventaire des bouteilles du bar (en les vidant l'une après l'autre) et qu'il aime la chaleur humaine
. Moi je tente surtout de savoir si la porte sera ouverte quand nous rentrerons à 2h du matin et si le berger allemand sera à la niche ainsi que son maître pas net. La porte sera ouverte me dit-il mais sonnez si vous voulez et je vous accompagnerai à votre chambre ... Compte la-dessus et bois de l'eau claire (enfin, non, finis tes bouteilles), mon bon !
Je réussis à me dépêtrer du séducteur aviné et nous voilà parties vers Lardy, autre riante bourgade située à 50km de Villeneuve. Nous reprenons le bus avec les fauves
, et après une correspondance dans le RER où le haut parleur nous annonce qu'en raison de la neige les trains sont interrompus et que nous nous voyons déjà finir la soirée sur le quai de la gare de Juvisy, nous arrivons enfin à Lardy (et nous manquons de rater l'arrêt car il fait noir, il neige et tout est super bien indiqué).
Lardy ! Ville fantôme, ses trottoirs verglacés (le genou d'Anne s'en souvient) et ses rues beaucoup plus longues que sur le plan de Mappy !
Nous avançons à petits pas sans voir âme qui vive, nous croyant dans un village alpin. Après une longue périgrination nous arrivons devant une supérette éclairée et à notre plus grand bonheur trouvons une affiche annonçant le duo festif ABE au café le Pélican !!! Nous voilà rassurées, les garçons sont bien dans les murs !
Nous continuons notre route, trouvons un distributeur de billets et puis notre resto, l'Auberge de l'Espérance où nous entrons à moitié gelées ! C'est un restaurant chic où nous sommes les seules clientes mais dégustons un délicieux repas avant de nous diriger vers le café où chantent nos amis.
Après quelques pas, nous voici enfin au Pélican. Nous sommes accueillis par un gros labrador noir et par Gilou, le proprio qui voyant deux estrangères nous demandent si on est venues pour le concert. Comme la réponse est oui, nous pouvons choisir notre place près de la scène.
Nous nous installons et voyons que les garçons sont déjà là, car leurs anoraks et guitares sont éparpillés sur la scène. Nous devons attendre une bonne heure avant de les voir apparaître et Bruno nous marche presque dessus avant de voir qu'on est là ! Il n'est qu'à moitié surpris puisque j'avais déjà lâché le morceau deux semaines auparavent, mais il est surpris quand même ! Il va prévenir Alain que les deux zinzins sont là !! Des vrais fans comme nous, ça ne se voit pas tous les jours! (autocongratulation : ça fait toujours du bien)
Ils nous expliquent que cet endroit ils adorent car les gens qui viennent ont du respect pour les artistes, les écoutent, pas comme au Who's Bar et qu'en plus c'est une boîte de blues mais que malgré qu'ils ne font pas du blues, le patron les adore ! Bref, ils aiment beaucoup le Pélican et en plus, on les nourrit bien.
Les lumières se tamisent et nos deux compères se mettent à chanter. Au début ils suivent leur répertoire habituel mais au fur et à mesure, ils se bluesifient et Alain se lance dans des virtuosités de guitare comme il sait les faire. Il me sidère à chaque fois avec son air impassible et ses doigts magiques. Pendant ce temps, Bruno achève de nous achever avec sa voix angélique (je plagie un peu Choun', mais bon).
Il nous met dans tous nos états en nous chantant « No surprises » de Radiohead et nous fait chanter tout le répertoire des Beattles et on doit participer sinon, pas content le Bruno.
Tout le monde chante, tout le monde est sous le charme
… et il n’y a pas que des filles !!! Un gentil monsieur est fasciné par les doigts d’Alain et tout le monde frappe dans les mains et fait les chœurs ! Bref, une grande réussite ! Vers une heure du matin, nos amis terminent de chanter après avoir fait quelques rappels, mais eux aussi doivent rentrer à la maison et ne peuvent pas rester indéfiniment à Lardy le bled paumé ! Anne et moi attendons notre taxi tandis que Alain et Bruno retournent à leur voiture et que nous nous soyons dit « à l’année prochaine » !
Nous rentrons à Villeneuve et me voici devant la grille de mon hôtel. Je pousse doucement la porte pour ne pas réveiller Médor et me faire bouffer et comme le verglas a fondu me précipite vers ma chambre, qui est somme toute bien confortable même si j’ai un peu l’impression d’être dans l’hôtel de « Shining » ! Le lendemain matin, je m’échappe et j’évite d’une seconde les crocs de Cerbère qui n’a pas couru aussi vite que moi car je lui ferme la porte au nez et pars chez Anne et me perds dans les rues (évidemment). Mais bon, mon flair me fait retrouver sa maison et nous partons d’un pas léger vers Paris en empruntant la passerelle au dessus de la gare pour éviter de prendre le bus avec les fauves dont j’ai entr’aperçu les faciès sympathiques à l’arrêt de bus !!!!
Dans Paris, je me trimballe avec ma valise à roulettes rue de Rivoli, c’est chic, j’espère avoir lancé la mode !
Un petit tour chez Séphora et ses vendeuses sur leur 31 toujours avec ma valise, puis à la pizzeria (pas faite pour les valises) et ensuite, je remonte toute la rue St Denis et rencontre de très jolies dames qui attendent au coin des portes, avec la mini-jupe d’usage et le maquillage bien chargé. J’arrive enfin à la gare du Nord où je m’écroule sur un banc et j’attends que mon train veuille bien partir ! Toute la route j’écoute Robert Smith à défaut d’avoir rencontré Cali ou un autre à la gare du Nord (je suppose que Cali ne prend pas le Thalys aussi souvent que moi, mais ça m'aurait fait plaisir de le revoir comme l'autre fois pour faire bâver les copines
)! Et me voici enfin de retour à Bruxelles où m’attendent de nouvelles aventures, notamment un feu d'artifices pour entrer en 2006 en beauté !